Église du Vieux Saint-Sauveur Caen : « À Fleur de peau – Mémoire d’un défilé éphémère » – Photographies et performances Karine Saporta
13 février à 8 h 00 min - 15 février à 17 h 00 min
Du 13 au 15 février 2024 de 10h à 20h
Performances à 15h, 17h et 19h
Église du Vieux Saint-Sauveur Caen.
« À Fleur de peau – Mémoire d’un défilé éphémère »
Karine Saporta et la dentelle
La chorégraphe photographe Karine Saporta imagine tout spécialement pour le Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d’Alençon une série de réalisations visuelles inspirées des motifs présents sur les pièces de dentelle de la collection. Farouche admiratrice du travail des dentellières, elle rêvait depuis longtemps de célébrer leur talent et de leur consacrer une œuvre.
A ce sujet elle écrit :
“ L’art de la dentelle ressemble infiniment aux deux pratiques qui sont les miennes : la danse et la photographie.
À l’instar de la photographie, les effets d’ombrage et de transparence sont un des sujets majeurs du travail de la dentelle. La clarté dialogue avec l’opacité pour créer un langage. Le nombre de variantes constituant la technique des dentellières font le raffinement de ce langage.
À l’instar de la danse, chaque œuvre de dentelle est une architecture fluide reposant sur un savant traitement de la relation entre le plein et le vide. Remplis, point à trou, rempli-gaze claire etc. toutes ces appellations techniques rappellent, s’il en était besoin, que la réussite d’une pièce, repose sur le subtil équilibre entre ce qui est et ce qui n’est pas.
Le travail de la dentelle défie le néant.
Entre présence et absence… de la matière tout se joue au moment de la fabrication d’une pièce de dentelle. Si l’espacement des points règle la densité de la présence, le fil des dentellières dans la phase de création du “réseau” borde les zones d’absence. Les “brides” structurent et fractionnent le néant.
Une fois l’ouvrage achevé, cette savante partition des vides et des pleins explique la dimension symbolique propre à l’art de la dentelle. D’elle dépend l’alternance de ce qui masque et de ce qui révèle.
L’art de la dentelle est un langage.
Plus encore, l’art de la dentelle renvoie à l’origine-même du langage.
En effet, selon Freud, c’est précisément à travers ce jeu entre disparition et réapparition (à la vue) que se construit dès la petite enfance l’accès au langage. La théorie du Fort-Da (parti-revenu), que Freud élabore, après avoir observé son petit-fils jouant à faire apparaître et disparaître une bobine sous un lit, vient débusquer la racine-même du registre symbolique.
C’est dans la représentation de l’absence et du retour de la présence (de la mère) que celui-ci se constitue.
Au même moment que se structure le rapport au manque, c’est-à-dire… au désir.
L’art de la dentelle est vertigineux dans ce qu’il contient de toujours potentiellement érotique. À travers ce jeu où la frustration et l’assouvissement du désir “voyeur” s’affrontent… Qu’il s’agisse d’une peau nue ou… d’une maison dont l’intérieur se soustrait au regard de la rue… ”.