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Dans le cadre du Festival « Je danse … donc je suis », le Label Karine Saporta présente la nouvelle création 2020  » Les Petites Pièces Créoles  » à 20h30 avec les danseuses Murielle Bedot et Teodora Fornari, suivie d’une table ronde avec le thème du festival « corps alien … corps aliené « .

 

Des petites pièces créoles

Invitée l’hiver dernier par la danseuse et chorégraphe martiniquaise, Muriel Bedot, à l’Atrium, Scène Nationale de Fort de France, Karine Saporta a trouvé son inspiration dans la culture créole et le passé colonial de la Martinique pour sa nouvelle chorégraphie intitulée « Petites pièces créoles ».

Karine Saporta avait créé pour cette danseuse un solo, « It’s gonna rain », 3ème pièce de sa chorégraphie « Notes+ » sur des musiques de Steve Reich présentée à la Cité de la Musique en 2011. Ce solo, magistralement exécuté par Murielle Bedot, avait marqué les esprits et le programme tout entier a été reconnu par le compositeur comme étant la meilleure interprétation chorégraphique de son œuvre musicale.

Dans ce nouveau spectacle, Karine Saporta questionne l’empreinte de la culture française du XVIIème siècle à nos jours sur ce territoire et se passionne pour les croisements intellectuels propres à la culture créole née de la rencontre entre la culture amérindienne locale, française et noire d’Afrique de l’Ouest. La découverte des rythmes, des danses, des courants artistiques, poétiques et politiques créoles l’enthousiasme. Elle décide alors de concevoir une œuvre en forme de mosaïque, assemblant des fragments de ces différentes influences.

Une œuvre chorégraphique et plastique

Sur fond d’écran blanc, les lumières colorées des lazers sculptent l’espace scénique de ces suites chorégraphiques, tantôt solos, tantôt duos, interprétés par deux danseuses, l’une incarnant le peuple créole et l’autre la présence française arrivée sur l’île au XVIIème siècle.

Les danseuses sont revêtues de costumes spectaculaires, entièrement exécutés en papier cartonné blanc, qui font directement référence à la peinture du XVIIème siècle et au folklore créole. Chaque costume fabriqué à la main est unique et ne peut jamais être reproduit. Ils sont chargés d’un contenu symbolique et narratif complexe, permettant à Karine Saporta d’introduire dans ces pièces des éléments stylistiques totalement innovants. Par leur rigidité inhabituelle, ces costumes créent en effet l’illusion de sculptures en mouvement et magnifie le côté hiératique du style chorégraphique de Karine Saporta.

La prolifération éblouissante des détails, l’exubérance des formes, des structures, des brillances, des matières, restituées avec virtuosité à travers ces volumes de papier blancs ouvragés, font des costumes de ces « Petites pièces créoles » de purs chef d’oeuvres.

Musicalement, le spectateur est plongé dans une transe sensuelle et raffinée où de grandes oeuvres du répertoire classique succèdent à des thèmes antillais envoûtants, d’inspiration africaine.

@Tristan Jeanne-Vallès

Les costumes

Pour les costumes de ce spectacle, Karine Saporta a fait appel au jeune couple de créateurs russes de Saint-Pétersbourg, Azya Kozina et Dimitri Kozine, spécialistes à la technicité éblou- issante du « paper art ». Leurs créations entièrement exécutées en papier cartonné blanc à l’aide de colle et d’un simple cuter, les amènent à repousser de manière surprenante les confins de la sculpture en papier contemporaine.

Ils connaissent aujourd’hui une notoriété croissante, en particulier dans le domaine de la mode où ils ont participé récemment au défilé de Dolce Gabana. Ils ont été choisis par Karine Saporta pour leur connaissance approfondie de l’histoire du costume, non seulement à travers les âges mais aussi des différentes régions du monde. Leurs « sculptures costumes » ont déjà fait l’objet d’exposition dans des musées tels le Musée de Kiev, le Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg et plus récemment à la Conciergerie à Paris. Pour la première fois, elles seront mises en mouvement grâce à la danse.

La musique

Pour la musique de son spectacle, Karine Saporta a collaboré avec le compositeur contem- porain et chef d’orchestre martiniquais, Manuel Césaire. Toujours à la recherche du vertige et de la transe, la chorégraphe a aujourd’hui réussi à élaborer des systèmes rythmiques très complexes, au fondement compositionnel novateur.

Dans ce « face à face » musical, poétique… politique entre les cultures antillaise et eu- ropéenne, la chorégraphe fait se succéder des grandes œuvres de la musique du XVIIème siècle, telles la danse dite « des sauvages » des « Indes galantes » de Jean-Philippe Rameau ou encore la fugue pour orgue en sol mineur de Jean-Sébastien Bach, à des compositions originales de Manuel Césaire, qui modernise, revisite et personnalise des thèmes musicaux antillais.

Il y est notamment fait référence au bèlè : pratique musico-chorégraphique de Martinique qui mèle le chant, la musique, la danse et le conte. Le bèlè est un ensemble de pas et de figures issues de l’Afrique, métissés à ceux du quadrille et de la haute taille venue d’Europe. Cette tradition codifiée, empreinte de syncrétisme, est porteuse d’un contexte rituel sociétal important. Il est également fait référence de manière ludique et décalée à la biguine à deux temps et la mazurka à 3 temps.

Le spectacle se termine en apothéose par une déferlante africaine emportant dans un mix vertigineux de rythmes et de voix, la danse, les danseuses et les spectateurs.

 

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